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En Marche – histoire de l’homme-machine : long métrage de fiction ou documentaire?

A vous de voir. Disons que le film répond exactement aux deux catégorisations dans la nomenclature officielle de la Fédération Wallonie-Bruxelles…

Est classée dans la catégorie « fiction » une oeuvre audiovisuelle qui répond cumulativement aux critères suivants : (1) être une création de l’imagination même si elle vise à retransmettre une réalité, (2) être une oeuvre mise en scène dont la production fait appel à un scénario, y compris pour des tournages laissant une place à l’improvisation et (3) dont la réalisation repose sur la prestation d’artistes-interprètes pour l’essentiel de sa durée.

Est classée dans la catégorie « documentaire de création » une oeuvre audiovisuelle qui répond cumulativement aux critères suivants : (1) être une création visant à présenter un élément du réel, en dehors de son traitement qui peut relever de l’animation ; (2) avoir un point de vue d’auteur caractérisé par une réflexion approfondie, une maturation du sujet traité, une recherche et une écriture ; (3) permettre l’acquisition de connaissances ; (4) traiter du sujet en se démarquant nettement d’un programme à vocation strictement informative ; (5) avoir un potentiel d’intérêt durable et autre qu’à titre d’archive.

Bref, « En Marche » se veut un film hybride, pas vraiment un docu-fiction non plus selon les critères habituels, autrement dit : un OFDI – un objet filmique difficilement identifiable…

Pourquoi En Marche? En hommage à Emmanuel Marcon?

Le titre est évidemment ironique. Il renvoie à l’injonction qui veut qu’il suffise de se lever le matin/ traverser la rue pour trouver un emploi. Comme si tout était affaire de volonté personnelle, indépendamment de la conjoncture économique et politique et de l’état de la personne.

Ce titre est polysémique aussi. Il évoque la marche implacable du monde vers le progrès, son caractère inéluctable – se que raconte métaphoriquement les séquences animées par Zorobabel. Il a aussi un lien évident avec la dernière scène du film impliquant le personnage de Martin mais ça, on ne vas pas le dévoiler ici…

Vous êtes produits par Eklektik Productions, tout comme un autre film sur la même thématique, parfaitement documentaire celui-là : Bureau de Chômage de Charlotte Grégoire et Anne Schiltz (2015). Comment vous situez-vous par rapport à ce film?

Ce film nous a profondément marqué pour nombre de raisons. Pourquoi une administration comme l’ONEM a-t-elle accepté des caméras dans un bureau de chômage? Par souci de transparence? Pour décourager les candidat·es au chômage? Par inconscience de la violence symbolique incroyable qui se dégage de ces confrontations parfaitement inégales?

Nous avons voulu prolonger la réflexion en reproduisant le dispositif de l’entretien de contrôle mais en choisissant de passer par des comédiens et des comédiennes. Ce qui nous permettait de nous affranchir de toute considération éthique par rapport aux individus – des deux côtés du bureau, d’ailleurs. Il fallait passer par des personnages de fiction pour s’autoriser à garder les regards impitoyables que les philosophes posent sur ce qui se joue.

Pour autant, on reste bien dans le réel. Charlotte Grégoire et Anne Schiltz nous ont permis de visionner les dizaines d’heures de rushes inutilisés qu’elles ont ramenés de leur tournage. Nous nous en sommes inspiré, évidemment. Et les remercions encore…